Erigées en des points stratégiques des zones arides et désertiques du pourtour saharien au cours de l’histoire, les oasis sont l’œuvre de sociétés qui ont su développer une maîtrise remarquable des ressources en eau via une gestion sociale stricte (droits d’eau, transmission, servitudes, entretien) et l’élaboration de techniques ingénieuses.
Ces spécificités sont aujourd’hui remises en cause sous la contrainte de plusieurs facteurs autant démographique (pression accrue sur le milieu), qu’économique (baisse des revenus agricoles, faible valeur ajoutée des productions), social (morcellement foncier et des droits de successions, absentéisme, migrations) et environnemental (sécheresse, désertification). Les tendances du changement climatique sur la région déjà sous tension indiquent une accentuation de la sécheresse et par conséquent des pressions accrues sur les ressources dont l’eau qui déjà en quantité limitée. Le nombre d’oasis a considérablement diminué du fait de leur abandon et du manque d’entretien.
Le projet se situe dans des pays au contexte politique stable. Même si la Tunisie a connu des changements importants suite aux printemps arabes, la situation politique s’est aujourd’hui stabilisée. D’un point de vue économique et social, l’ensemble des pays (le Maroc mis à part) connaissent un chômage important avec des régions oasiennes fortement isolées notamment en Mauritanie et au Tchad. Dans la sous-région l’Algérie constitue un cas particulier avec une économie fortement dépendante de ses exportations d’hydrocarbures et donc extrêmement sensible aux cours internationaux. Cette situation volatile peut être source d’instabilité pour l’ensemble de la région.
Pour les pays de la zone saharienne, une partie des régions oasiennes se situent en zones classées rouges par le MAE français indiquant une situation sécuritaire particulière. Face à cela, le fonctionnement en réseau dont l’action est basé sur des partenaires locaux permet d’intervenir dans des régions marginalisées.
En 1993-94, une ONG française, le CIEPAD, devenu par la suite le CARI, a initié avec l’ASOC, anciennement Club Unesco Alecso, une action de réhabilitation de l’oasis de Chenini Gabès en Tunisie avec le soutien du CCFD, du Conseil Général de l’Hérault et du MAEE. Sur la base de cette expertise, ils ont organisé un premier atelier d’acteurs oasiens en juin 2000, à Chenini Gabès. Cette rencontre a donné lieu à la constitution des embryons du RADDO et la mise en place d’un CSP à titre bénévole composé de quatre associations actives dans les oasis et réparties dans les quatre pays du Maghreb. Une deuxième rencontre organisée en novembre 2001 à Ghardaïa-Beni Isguen par l’APEB, partenaire du CCFD, et réunissant des associations oasiennes de l’ensemble du Maghreb, a donné lieu à la création du RADDO et la définition de ses fondements et bases d’organisation.
Après avoir participé à un certain nombre de rencontres internationales, le RADDO a lancé en 2008 son premier programme d’action lui permettant de renforcer son organisation et son action. A l’issue de ce premier PACO, l’AOFEP, partenaire du CARI dans le cadre d’un programme national de sauvegarde des oasis du Maroc (2006-2011), a endossé le rôle de point focal au Maroc suite à l’ALCESDAM. La rencontre de nouveaux partenaires concernés par les oasis dans les instances internationales a été à l’origine de l’élargissement au Tchad. La participation du RADDO à de très nombreuses rencontres internationales a émaillé le parcours du réseau et a renforcé sa visibilité et sa crédibilité. La COP22 à Marrakech en 2016 a été l’occasion, via l’organisation et l’animation d’un vaste espace « oasis et terres arides », de clôturer de manière très visible le dernier PACO en affirmant le professionnalisme du réseau et confirmant tout l’intérêt de nombreux acteurs du développement (Banque Mondiale, UNCCD, ANDZOA, FAO, UMA…) pour le réseau. L’ensemble de ces partenaires a été directement impliqué dans l’évaluation du programme précédent et la rédaction du présent projet discuté au cours des derniers CSP.
La problématique oasienne était absente des agendas internationaux et faisait l’objet d’une attention faible au niveau des pays malgré les intérêts que présentent ces agro-écosystèmes dans des régions constituées à 80% de terres arides (population importante, points de fixation de populations, opportunités de production agricole écologiquement intensive, contribution à la sécurité alimentaire locale…).
Objectif global : Promouvoir le développement durable des oasis du Maghreb et de la zone saharienne en sauvegardant et valorisant le patrimoine naturel, économique, social et culturel
Objectif(s) spécifique(s) : Ce projet repose sur trois composantes ayant chacune un objectif spécifique :
Objectif 1 :
R1 : Le RADDO est un réseau structuré qui s'appuie sur une organisation et des activités pérennes
R2 : Le RADDO se base sur des plates-formes organisées dans chacun des pays d'intervention
Objectif 2 :
R1 : Le RADDO se situe comme partie prenante dans chaque pays d'intervention
R2 : Le RADDO est un interlocuteur reconnu par les sociétés civiles et les autorités nationales et internationales
R3 : Le RADDO est un centre de ressource d'information sur le développement des oasis
Objectif 3 :
R1 : Les techniques d’adaptation et de GRN en milieu oasien sont développées au sein du Réseau
R2 : Des microprojets locaux de gestion des ressources naturelles et de LCC sont soutenus par le réseau
Objectif 1 :
R1 : (i) Renforcement de l'animation du réseau (ii) Renforcement du CSP et de ses membres (iii) Pérennisation financière du réseau
R2 : (i) organisation des plates-formes nationales (ii) animation des plates-formes nationales.
Objectif 2 :
R1 : (i) Renforcement des capacités des membres dans chaque réseau national (ii) Mise en place d'un processus multi-acteurs de recueil des bonnes pratiques avec les institutions nationales et internationales
R2 : (i) Caractérisation des méthodes et actions développées dans la composante ressources durables (ii) Mise en place d'une démarche de plaidoyer et mobilisation (iii) Mobilisation des décideurs publics en charge des cadres de développement sur la problématique oasienne
R3 : (i) vulgarisation et diffusion de l'information pour la sauvegarde des oasis (ii) Elaboration d'outils pédagogiques pour la sauvegarde des oasis (iii) Appui et conseil auprès des acteurs dans l'élaboration des projets de développement en milieu oasien
Objectif 3 :
R1 : renforcer les projets locaux
R2 : (i) Sélection, suivi et évaluation de 2 projets de gestion durable des ressources naturelles (ii) Sélection, suivi et évaluation de 2 projets d’adaptation au changement climatique.
Les principales catégories de populations oasiennes visées par le projet sont les suivantes :
Tous ces groupes sont regroupés dans des organisations communautaires de base ciblées par les points focaux dans les oasis.
Le financement pour le PACO4 était le dernier financement en réseau reçu par l’AFD, ce projet PACO était donc le dernier : le réseau est donc en phase de réflexion pour savoir quelle forme de perspective peut être créée.