Les oasis sont des écosystèmes agricoles hérités, plusieurs fois centenaires et/ou millénaires. Elles sont en constante mutation et ont montré une formidable capacité d’organisation, d’adaptation et de résilience à travers le temps. Elles sont aujourd’hui menacées par de nombreux facteurs naturels et humains. Les oasis tunisiennes permettent à environ 900 000 Tunisiens de vivre et les gouvernorats concernés représentent un quart du territoire national.
Il devient plus qu’urgent que le gouvernement tunisien reconnaisse la spécificité et le rôle de ces oasis à travers la MISE EN PLACE D’UNCADRE JURIDIQUE spécifique pour leur sauvegarde et leur développement et le renforcement de son application.
Depuis la ruée vers la création des forages profonds et l’aménagement de nouvelles oasis en monoculture de Deglet Nour, particulièrement dans les Gouvernorats de Tozeur et de Kibili, l’écosystème oasien en général et les oasis traditionnelles en particulier se sont fragilisés et la dégradation a commencé.
Les initiatives nationales concernant directement ou indirectement les oasis sont nombreuses en Tunisie. Récemment en 2015, le ministère tunisien de l’Environnement et du Développement Durable a lancé un projet pour le « Développement durable des oasis », et il existe une stratégie spécifique à la filière dattes, ainsi que pour les dattes biologiques. Les oasis tunisiennes font également l’objet de labellisations visant à protéger leurs caractères exceptionnels et universels. L’oasis de Gafsa est labélisée SIPAM - Système ingénieux du patrimoine agricole mondial. D’autres devraient suivre. Les institutions internationales soutiennent également ces politiques (PNUD, GIZ, Banque mondiale, FEM, FAO, etc.). Mais du fait d’un manque de coordination entre les acteurs (administration, bailleurs, organisations de la société civile, etc.), de ressources financières, de matériels limités et d’un manque de priorisation politique, ces différentes initiatives n’ont pas permis de garantir à la fois une protection et un développement sur le long terme des régions oasiennes.
Ainsi, alors que cela est indispensable pour la protection des oasis et des agriculteurs, la Tunisie n’est pas encore dotée d’institutions ou de cadres spécifiques aux oasis.
En accord avec les conventions internationales que le gouvernement tunisien a ratifiées (la convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification en 1995, la convention des Nations Unies sur la diversité biologique et sur les changements climatiques en 1993) et compte tenu de l’engagement pris par le pays au dernier « Forum de politique de haut niveau pour l’atteinte des ODD » au siège de l’ONU en juillet 2019, la Tunisie s’est engagée à :
Bien qu’étant impactées par les changements climatiques, la préservation et le développement des oasis jouent un rôle important dans les équilibres climatiques. En effet, les oasis constituent une barrière végétale et microclimatique naturelle contre l’avancée du désert et une contribution au piégeage du carbone dans les sols. Il convient de dire que la technicité agro-écologique oasienne et les savoir-faire oasiens présentent des potentiels d’adaptation non négligeables contre les aléas climatiques et les conditions extrêmes.
L’objectif principal que nous défendons est de garantir un développement durable des oasis prenant en compte la préservation des ressources naturelles, des savoir-faire et du patrimoine, tout en assurant une amélioration des niveaux de vie des populations locales.
Et pour cela nous demandons la mise en place
« d’un cadre juridique spécifique pour les oasis en Tunisie » et l’application de ce cadre.
Un cadre juridique qui reconnaît l’importance capitale de ces écosystèmes pour le rôle qu’ils jouent dans l’établissement des populations humaines et leur stabilité socio-économique. Cela à travers les activités que génère continuellement l’oasis pour les populations locales dans l’agriculture et l’élevage, ainsi que dans la protection de l’environnement grâce au recyclage et à la réutilisation des déchets et sous-produits générés par ces activités.
Ce cadre juridique pourra directement prendre appui sur la « Charte nationale pour la conservation dynamique et le développement des oasis historiques de Tunisie (www.asmgafsa.org.tn et www.fao.org.giahs.fr), le livre publié par l’Asm Gafsa « Les oasis de Tunisie : Législation, structures et perspectives », et le texte de Loi n° 2008-73 du 2 décembre 2008, relative à la sauvegarde des palmiers.Ces documents posent les bases consensuelles déterminant les contours d’un engagement envers ce patrimoine naturel commun pour le bénéfice des populations présentes et futures en vue de l’amélioration de leur niveau de vie. La charte est en mesure de renforcer l’arsenal juridique en matière de préservation des oasis et de consolider les efforts internationaux entrepris afin de mener les actions de protection des oasis en tant que patrimoine international.
Un plaidoyer rédigé par les membres du Réseau Associatif de Développement Durable des Oasis (RADDO) en Tunisie que sont L’Association de Sauvegarde de la Médina de Gafsa (GAFSA), L’Association NAKHLA à Douz (KEBILI), l’Association de Sauvegarde de l’Oasis de Chenini (GABES), l’Association IRADA de Tozeur , l’Association Citoyenneté et Développement Durable de Gabès.