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Parole d’acteur - L’Union des coopératives agricoles féminines en Adrar

Au cours d'une formation, Tenmiya a profité de la présence de la secrétaire de l’Union des coopératives agricoles féminines en Adrar pour réaliser un entretien

 

Interview de Saadani Labeid la Secrétaire Générale de l’UCFAA

 Propos recueillis par Séverine Demerre (CARI)

  

 Que sont les coopératives de l’Adrar ?

Aujourd’hui, l’Union représente 35 coopératives féminines dans la région de l’Adrar. Chaque coopérative a sa propre histoire. Les femmes qui se lancent dans les projets sont ambitieuses et volontaires, souvent issues de milieux défavorisés. Beaucoup d’entre elles sont des femmes veuves ou divorcées qui assument seules les charges de leur ménage. Pour démarrer leur commerce, la procédure est relativement simple, les entrepreneuses doivent simplement se munir de la documentation réglementaire.

 

Quand a commencé la création des coopératives en Adrar ?

Les premières coopératives ont été créées dans les années soixante, mais elles étaient exclusivement masculines. C’est uniquement dans les années 2000, sous impulsion du projet Oasis, que les femmes ont été soutenues pour prendre part à la transformation et à la commercialisation des produits oasiens.

Quel est le lien entre l’Union et les coopératives ?

La volonté était de créer une structure qui représente d’une seule voix les besoins des porteuses de projets. C’est à partir de ces discussions qu’a émergé en 2014 l’Union des coopératives féminines de l’Adrar. Depuis lors, nous nous sommes organisées. Chaque année, les coopératives payent une cotisation. Ces fonds permettent l’achat de petit équipement agricole ou  matériel de couture commun. L’Union peut aussi bénéficier de réduction par l’achat groupé de matière première comme les semences, par exemple.

Aussi, l’Union bénéficie de formations à la gestion administrative et financière ou encore aux techniques agricoles. Toutefois, ces apprentissages théoriques et pratiques pour l’éducation des femmes sont encore trop rares pour combler la demande.

Mais surtout, l’Union permet de fédérer les femmes, leur offrant une meilleure visibilité auprès des instances locales. Par exemple, récemment, une demande de subvention a été faite au délégué régional de l’agriculture chose qui n’aurait pu être faite individuellement par les femmes.

 

Quels sont les produits phares de la région de l’Adrar ?

Nos produits sont largement diversifiés et basés sur  la volonté de mettre certains savoir-faire oasiens en avant et dépendent aussi de la matière première disponible. Tous issus des oasis de l’Adrar, ils sont soit directement produits sous les palmiers soit fabriqués grâce aux sous-produits du palmier dattier. Les produits et créations fabriqués localement sont voués à l’alimentation (maraîchages, couscous) ou à l’artisanat (bijoux, ustensiles de cuisine, nattes). 

 

Vos produits sont 100% made in Adrar ?

Pour la plupart d’entre eux oui, lorsque la matière première est disponible. Par exemple, pour la fabrication du couscous, nous utilisons l’orge produite localement dans nos oasis, sous les palmiers. Toutefois, c’est un produit saisonnier donc il arrive que la matière première doive être apportée pour assurer une transformation continue et maintenir les coopératives actives.

Quelle est votre plus grande réussite ?

Un seul mot : l’autosuffisance alimentaire des femmes les plus vulnérables ! Les femmes deviennent indépendantes grâce à leurs ventes. Les coopératives assurent non seulement des revenus grâce à la commercialisation des récoltes et transformations, mais alimentent aussi les foyers en denrée de base (maraîchages, céréales). En effet, les principaux produits agricoles sont destinés à l’autoconsommation.

 Comment renforcer l’Union, les coopératives et toutes les femmes impliquées ?

Il y a un besoin criant de formations techniques de maraîchage, de transformation des produits agricoles. Nous manquons aussi de qualification pour l’organisation de la commercialisation : la publicité, le packaging des produits, les points de vente. Les Mauritaniens connaissent trop peu les produits de leur pays.

Aussi, depuis quelques années, nous entendons parler dans d’autres pays du Maghreb de la transformation  des noyaux de datte pour en faire des jus, de la poudre de café, ou encore pour l’alimentation pour bétails et même des produits cosmétiques tels que du khôl comme teinture naturelle pour les cheveux ou maquillage pour les yeux. C’est une demande que nous faisons auprès des commanditaires pour les années à venir.

« Les femmes de l’Adrar sont des travailleuses. Leur travail leur permet uniquement de survivre et non de vivre. L’Union des coopératives souhaiterait pérenniser l’appui mis en place depuis 2000, principalement pour le volet formation et commercialisation des produits. »

 

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