La première intervenante à avoir pris la parole est Mélanie Requier-Desjardins du Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes (CIHEAM), également membre du Pôle foncier. Si la question foncière a fait irruption dans la troisième Convention de Rio via l’adoption du concept de « neutralité en matière de dégradation des terres » durant la COP12 en 2015, force est de constater que les décisions prises en la matière depuis lors restent encore faibles. Le foncier reste absent des décisions portant sur les travaux du GEF, organe qui finance les projets de lutte contre la désertification. Le foncier est également sorti du mandat des travaux de l’interface science-politique, et par conséquent du comité science et technologie, qui est l’outil scientifique de la CNULCD. La chercheuse s’interroge donc sur la place restant aujourd’hui à la recherche scientifique dans les travaux de la Convention.
Le deuxième intervenant était Mamadou Komé de l’association INAGRIM, Initiative agricole pour le Mali en France, créée par la diaspora malienne. Ce dernier a insisté sur l’importance d’impliquer les diasporas dans la lutte contre la désertification. Leur implication et notamment les apports financiers qu’elles drainent vers leurs pays d’origine pourrait permettre une plus grande mise en œuvre des décisions de la Convention (influence sur les autorités locales et les gouvernements) et pourrait également contribuer à la lutte contre les migrations, via leur soutien à l’entreprenariat à partir d’activités génératrices de revenus.
La dernière intervenante, Yousra Abourabi, chercheuse à l’université de Rabat, a insisté sur la pertinence des pratiques agroécologiques pour lutter contre la désertification et la sécheresse, en prenant pour exemple le projet Avaclim. À ses yeux, les acteurs publics devraient être mieux informés sur ce qu’est l’agroécologie et les impacts positifs qu’elle peut engendrer, et ce pour un meilleur fléchage du financement climat vers cette transition écologique de l’agriculture. Cela devra tout d’abord passer par un enseignement de l’agroécologie dans les écoles d’ingénieurs agronomes, auprès de ces étudiants qui pour certains seront un jour amenés à décider de l’orientation de ces mêmes financements.
Pour finir, le CARI a donné rendez-vous au monde de la recherche, aux organisations de la société civile et aux membres de la diaspora, impliqués dans la lutte contre la désertification et la sécheresse, à Montpellier au mois d’octobre 2022 pour se rencontrer et renforcer leur plaidoyer autour des liens entre terre, biodiversité, climat et agroécologie.